Dossier du tri des déchets : des associations d'écologistes menacent d’engager des poursuites judiciaires contre les élus de la Sambre-Avesnois

15 novembre 2022 à 13h19 par La rédaction

CANAL FM

Le futur centre de tri XXL du Valenciennois est-il « une aberration écologique » ? Le label « Citéo », qui lui a été accordé, sera-t-il abrogé comme le demandent des associations de défense environnementale ? Ces questions inquiètent en tous cas plusieurs élus locaux, qui ont un choix à faire ce soir en votant pour ou contre la dissolution du SMIAA, première étape avant de confier le traitement du tri sélectif au Syndicat Inter-Arrondissement de Valorisation et d’Élimination des Déchets (le SIAVED) à Douchy-les-Mines, dans le Valenciennois, au détriment du groupe Flamme et de sa filiale le centre de recyclage des vallées à Hautmont. Tous les arguments avancés par les élus (voir notre précédent article en cliquant ici) sont d’ailleurs dénoncés par les opposants à ce transfert, « d’un point de vue légal, économique et environnemental » …

Le principal motif pour justifier l’éventuelle décision des 4 intercommunalités de confier le traitement du tri sélectif au SIAVED de Douchy-les-Mines, au détriment de la filiale du groupe Flamme à Hautmont, c’est le fait que « Flamme n’a pas obtenu le label Citéo ». Or, selon les écologistes et les insoumis, le SIAVED devrait perdre ce fameux label, n’ayant plus la capacité « de mettre en service son nouveau centre de tri au 31 décembre 2022 ». En effet, le préfet du Nord a retiré son arrêté d'autorisation d’exploitation au projet porté par le SIAVED, le 7 septembre 2022, à la suite d’une action en justice menée par l’association Natur’Hainaut », dénonçant des « risques de pollution des nappes phréatiques, situées en dessous de ce futur centre de tri XXL ». Or, pour absorber tous les déchets de l’arrondissement d’Avesnes, le SIAVED a besoin de construire ce nouveau centre de tri, mais comme ce projet est aujourd’hui à l’arrêt total, le « montage imaginé par les élus » serait « caduque » selon les écologistes, les insoumis locaux et plusieurs syndicalistes.

Dans un communiqué adressé à l’ensemble des élus des 4 intercommunalités de la Sambre-Avesnois, Natur’Hainaut menace aussi très clairement de contester les décisions à venir des élus devant les tribunaux. Dans une vidéo diffusée hier sur les réseaux sociaux, Benoît Tomsen, le président de cette association s’étonne du choix des présidents qui « font comme si de rien n’était » et ignorant ainsi « toutes les actions entreprises pour protéger la ressource en eau ». Il envisage de porter plainte contre ces élus « pour mise en danger de l’environnement » et pour « écocide si le centre de tri venait quand même à être réalisé sur ce site ».

Les écologistes estiment par ailleurs que la décision des 4 intercommunalités de choisir le SIAVED, au détriment de Flamme serait « une aberration écologique et économique, avec un bilan « carbone » qui sera forcément négatif et « un coût du traitement des déchets, qui pourrait finalement être plus élevé à moyens termes, en tenant compte des kilomètres supplémentaires à parcourir pour les camions entre le centre de Douchy et l'incinérateur de Maubeuge, des risques d’accidents plus importants pour les salariés et des frais de transport en constante augmentation ». Selon les écologiques « ces coûts n’ont pas été pris en compte dans le projet imaginé par les élus locaux et dans les prix au tonnage annoncé par le SIAVED ».

Les responsables du SIAVED se montrent rassurant

Lundi soir, les élus de l’agglomération Maubeuge Val-de-Sambre ont eu l’occasion d’interroger Charles Lemoine, le président du SIAVED. Il a affirmé que des solutions techniques existent, en accord avec la DREAL, afin de pouvoir préserver la nappe phréatique, qui se trouve en dessous du futur centre de tri. Il a indiqué qu’il espérait ainsi « obtenir prochainement l’autorisation d’exploitation qui avait été retirée en septembre », afin de pouvoir livrer ce futur centre de tri de Douchy-les-Mines en septembre ou octobre 2023. Par ailleurs, toujours selon le président du SIAVED, avec ce transfert, « aucun emploi ne serait menacé en Sambre-Avesnois ».

Par Paul Schuler / Photo d'illustration par T. Paquit