SPECIAL 10 ans de la tornade d'Hautmont - Nourriture, soutien psychologique : comment les habitants ont été aidés ?

3 août 2018 à 3h25 par Thibaut Paquit

CANAL FM
Crédit : Thibaut PAQUIT

Nous l'avons vu avec le soutien sans faille d'un citoyen comme Madani Hannachi, les habitants ont connu l'horreur de perdre une partie de leur vie en quelques secondes, "Personne n'a vraiment réalisé ce qu'il venait de se passer. Le passage le plus difficile de la tornade a duré tout au plus une bonne minute, avec quelques grosses rafales de vent ensuite" nous explique Stéphane Wilmotte, conseiller municipale d'Hautmont à l'époque. Quand tout s'est arrêté, ce qui a beaucoup marqué, c'est "ce silence, pesant" nous explique des habitants.

Aude Wilmotte, qui partait en vacances avant la catastrophe, est revenue très vite dans la nuit sur place. Ce qu'elle y voit "est une ville dévastée, comme si la ville avait été bombardée". Le bruit des briques à bouger, retrouver des survivants, des blessés, le travail dans un premier temps est pénible. Pourtant, il faut faire vite, "Je sais que nous avons été très vite aidés pour distribuer de la nourriture par un grand centre commercial, qui a ouvert ses portes pour prendre le maximum de marchandises" explique Stéphane Wilmotte. Au total, près de 600 000€ de marchandises seront distribuées pendant plusieurs semaines, ainsi que des fournitures scolaires, une tonne de dentifrice et du papier toilette. 

Cette nourriture, cette coordination à mettre en place très vite, c'est Frédéric Divina qui va s'en occuper. Lui à l'époque est conseiller municipale ... dans l'opposition, "À ce moment-là vous savez, on ne réfléchit pas. Ce qui est rassurant en tant de crise". Tout le monde, comme le Maire Joël Wilmotte qui a fait un retour de ses vacances aux Etats-Unis, est sur le pied de guerre. L'armée vient à la rescousse des habitants, "C'était impressionnant. Ils ont été d'une efficacité remarquable" explique Aude Wilmotte.

Aujourd'hui, encore du stress post-traumatique

Dix ans après, et devant le nombre de témoignages reçus, le choc est toujours présent. Des habitants ont toujours aussi peur d'un orage, peur que ce tourbillon ne vienne encore frapper leur domicile. À l'époque, Aude Wilmotte coordonne le suivi psychologique, "On a reçu des enfants. Beaucoup d'enfants. Ils ne parlaient plus, ils étaient en  état de choc. Il est certain qu'aujourd'hui, ils peuvent avoir peur du moindre orage". C'est le cas d'une auditrice, Océane, qui à l'époque avait 7 ans, "J’ai 17 ans aujourd'hui et j'ai peur qu'il y ait une autre tornade à chaque fois qu'il y a de l'orage". Est-il possible de prévenir aujourd'hui ce type de phénomène ? "C'est difficile à dire" affirme Frédéric Divina. Les habitants eux, quand on évoque le sujet, "ne veulent pas trop en parler" nous dit Brigitte, "J'ai été obligée d'évacuer de mon logement, la personne s'étant donné la mort derrière chez moi. On a découvert aussi les victimes  retrouvées dans les décombres de leur maison ..." Les habitants veulent sauver ou retrouver ce qui peut encore l'être, "Leurs photos de famille et des effets personnels. C'était très touchant de voir cela" se souvient Frédéric Divina. Au bout de quelques semaines de travail, beaucoup ont craqué avec la fatigue, "J'ai pris le temps de me poser cinq minutes et j'ai beaucoup pleuré. Parce qu'une telle catastrophe vous marque à jamais" explique Stéphane Wilmotte.

Une cérémonie de commémoration et dépôt de gerbe a lieu ce vendredi matin à 11h, à l’Espace du Souvenir, rue Fernand-Rousselle, pour un moment de recueillement. La tornade d’Hautmont, la plus grande tornade d’Europe avec ses vents à 300 kms/h avait soufflé la vie à 4 hautmontois : Roger Edange, Huguette et Michel Fichaux et Yvette Legrand. La tornade d’Hautmont avait fait également 18 blessés et un millier de sinistrés.