Grippe aviaire et Covid-19 - Ces virus qui plument les Eleveurs de gibier

14 décembre 2020 à 11h30 par Delphine Hernu

CANAL FM
Volière en novembre dernier
Crédit : Jean-Claude Quoniou

« Covid ou grippe aviaire, le confinement est en train de nous assassiner d'une autre manière », Jean-Claude Quoniou, Eleveur de gibier à plumes à Landrecies

Confinement des hommes et des oiseaux

La grippe aviaire et la Covid-19 mettent à mal la filière de l’élevage de volailles et de gibier à plumes. Le Nord comme 45 autres départements de France, est en zone à risque élevé d’introduction du virus influenza aviaire « hautement pathogène H5N8 » depuis début novembre ; les volailles et les appelants doivent être confinés, leur transport est interdit sauf dérogation. Pour la chasse, la fenêtre de tir a été réduite à 3h dans un rayon de 20 kms, selon les règles du reconfinement, ce qui en a découragé plus d’un.

Ce double confinement des hommes et des oiseaux, a des conséquences économiques lourdes. Exemple à la Faisanderie du Rosembois à Landrecies, où Jean-Claude Quoniou est Eleveur de gibier à plumes : faisans, perdrix rouges et perdrix grises, près de 18 000 animaux sont aujourd’hui confinés. Il craint les problèmes sanitaires et le dépôt de bilan à très court terme.

Joël Deswarte est le Président de la Fédération des Chasseurs du Nord qui compte 23 000 chasseurs dont 1/3 de chasseurs de migrateurs. Les restrictions liées à la grippe aviaire, « c’est une perte sèche de 45 millions d’euros pour l’élevage de gibier à plumes en France », rapporte-t-il, « on parle de la grippe aviaire depuis 2006 et depuis 2006, on n’a jamais eu de cas sur nos parcs d’appelants ». Il s’inquiète pour la filière avicole, « un oiseau invendu fin de chasse, c’est zéro euro, il n’y a pas de marché pour la gastronomie, il n’y a pas de débouchés » et face aux difficultés de trésoreries, les sociétés d’aliments rechignent voire menacent de ne plus fournir les Eleveurs, explique encore le Président de la Fédération.

 

Déjà 6 semaines de non-vente

Jean-Claude Quoniou a 36 ans de métier dans l’élevage de gibier à plumes dont 11 à la tête de la faisanderie. Ses oiseaux sont destinés à la réintroduction en milieu naturel, il travaille avec une cinquantaine de sociétés de chasse et autres clients de l’Avesnois, la Thiérache, le Valenciennois et le Douaisis. Mais les 6 semaines de non-vente, c’est une perte de 30 % du chiffre d’affaires pour le landrecien, à laquelle il faut ajouter le coût supplémentaire de l’alimentation des animaux confinés, 5 000 euros par semaine. Il ne peut prétendre à aucune aide puisqu’il n’a pas été soumis à la fermeture administrative, explique-t-il, une situation financière qui donne du plomb à l’aile d’une profession déjà fragilisée : « on a subi des augmentations de 200 à 300 % sur la charge alimentaire et en parallèle, le prix de l’oiseau n’a pas augmenté de 300 % », Jean-Claude Quoniou l’avoue « c’est 11 ans de travail sans se dégager de salaire ».

 

« Trouver des solutions pour délester un peu les volières »

Jean-Claude Quoniou propose à la vente du prêt-à-cuire « pour délester un peu les volières, les soulager un peu et avoir moins de charges mais ce n’était pas le but de les mener à l’abattoir » et l’Eleveur ne se dégage pas de marge, « on propose en prêt-à-cuire le faisan à 12 euros, la perdrix 9 euros, sachant qu’en plumes, vivants, c’est quasiment le même prix ».

Jean-Claude Quoniou appelle les autorités à prendre en considération les Eleveurs de gibier à plumes avec des aides financières pour éviter les fermetures, à trouver des solutions pour le devenir des oiseaux enfermés dans les volières pendant et après cette si particulière saison de chasse.

Ecoutez les interviews de Jean-Claude Quoniou et Joël Deswarte, Les Invités de la Rédaction aujourd'hui sur Canal FM à 12h30 et 19h :