« On ne peut pas prendre les élus en otages de cette manière-là », Bernard Baudoux, avertit le Préfet

16 novembre 2022 à 12h52 par La rédaction

CANAL FM

41 points à l’ordre du jour de la réunion du conseil d’agglomération hier soir parmi lesquels, la collecte des traitements des déchets des ménages et déchets assimilés avec la dissolution du SMIAA et la répartition du personnel et la création d’un budget annexe sur le traitement des déchets ménagers et assimilés au 1er janvier prochain. Deux délibérations retirées de l’ordre du jour en début de séance.

« Le climat n’est pas serein pour voter ce soir, la pression sur les élus est vraiment insupportable. La décision est très importante, je ne veux pas qu’elle soit prise sous cette pression. Je propose de le reporter avec une réunion qui n’aura qu’un seul point à l’ordre du jour, sur cette question », a déclaré le Président de l’Agglomération, Bernard Baudoux. Elle se tiendra dans une ou deux semaine(s). Sa préoccupation : « comment informer la population ? », « Pour l’instant, on s’est pris des coups, avec toutes sortes d’info et des fake news […] Moi je ne roule pas pour le SIAVED tout particulièrement, moi ce qui m’intéresse c’est l’intérêt de la population et combien ça va coûter ».

Sur le parvis de l’hôtel de ville de Maubeuge, ils sont plus d’une centaine à défendre l’emploi local et l’entreprise Flamme, sous les couleurs de la CGT, FO, la CFTC, La France Insoumise. « Elus, Aidez-nous aussi à sauver nos emplois », peut-on lire sur les banderoles. Un dispositif policier important autour et dans le hall d’entrée de l’hôtel de ville.

 

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La stupéfaction des élus sambriens

A l’issue de la réunion du conseil d’Agglomération, Bernard Baudoux et les Présidents des groupes politiques qui la composent, ont tenu un point presse.

Bernard Baudoux parle d’une « ambiance beaucoup trop agressive », « une situation anormale, choquante » ; « Je suis très surpris de cette méthode », répète Arnaud Decagny qui en tant que Premier Magistrat de la ville de Maubeuge, indique que la Police Municipale a essayé de contenir des manifestants » ; « il y a eu des élus bousculés », signale Stéphane Wilmotte, Deuxième Vice-Président de la CAMVS, en charge de l’emploi, la formation, l’insertion, l’enseignement supérieur, Co-Président du groupe Agir pour la Sambre, « ce qui s’est passé à l’entrée de la mairie, est très grave ». « On a fait des barrages filtrants pour les élus ! Qu’est-ce que c’est ces méthodes qui ciblent des élus ? », s’insurge Hugo Georges, Conseiller communautaire, à la tête du groupe Sambre En Mouvement. Jean Meurant décrit des élus « choqués », « on n’est pas habitué à ça ».

Le Maire d’Hautmont salue le report du vote, « une décision sage » car les élus subissent « une pression juridique, une pression sur les réseaux sociaux jusqu’aux propos calomnieux », poursuit-il ; « on menace les élus d’être mis au pénal », affirme le Président de l’Agglomération qui ne cache pas sa stupéfaction, « certains élus me disaient : si on vote ce soir, on votera à bulletin secret ». Et Bernard Baudoux d’ajouter : « Hier en réunion interne [réservée aux élus mais dont l’invitation a fuitée, précise l’élu], je me suis fait insulter ».

« Comment des salariés de l’entreprise Flamme ont-ils pu arriver dans une telle extrémité pour agir de cette manière-là ? », s’interroge Arnaud Decagny Premier Vice-Président de la CAMVS, en charge de l’aménagement du territoire et des grands projets, du renouvellement urbain et de l’action Cœur de ville, Co-Président du groupe Agir pour la Sambre qui rappelle : « on est là pour l’intérêt commun ».

Pour Jean Meurant, Vice-Président de la CAMVS, en charge du développement économique, du numérique, du commerce, de l’économie Sociale et Solidaire, Président du groupe L’Avenir Ensemble, « on n’est ni corruptibles ni achetables, on travaille, on est capables de prendre nos responsabilités ».

 

Décision « douloureuse » à prendre

Il y a « le stress de la pression et de l’ampleur de la décision à prendre », ajoute Michel Duveaux, Vice-Président en charge de l’environnement, la transition Écologique, les énergies renouvelables, Président du groupe Engagés pour l’Agglo.

Si le projet « est une volonté de l’Etat de trier les plastiques et en 2024, les déchets organiques », les élus sambriens ne perdent pas vue les « 3 impératifs » dans la décision qu’ils devront prendre avant le 15 décembre prochain : l’emploi, l’environnement, le coût.

« Sur les emplois qui concernent le tri, personne ne sera mis sur le carreau et ils [les 24 salariés concernés] ne seront pas envoyés à Douchy-Les-Mines », insiste Bernard Baudoux, « on est prêt à recevoir une délégation syndicale ».

« On pourrait sortir par le haut sur ce sujet, lance Stéphane Wilmotte. Le centre Recyclage des Vallées d’Hautmont pourrait pourquoi pas, être utilisé par Flamme et le SIAVED, pour ça, il faut être capable de parler autour d’une table et pas par Avocats interposés, regarder ce sujet avec intelligence et pas avec la passion ».

 

« Les déchets, c’est l’impôt de demain », Arnaud Decagny

« Il y a une bombe à retardement, avertit Arnaud Decagny : le SMIAA. « S’il perd des adhérents (des collectivités locales comme la Communauté de Communes du Pays de Mormal qui représente un tiers), il part avec le tri et les ordures ménagères », « si j’ai pas le volume d’électricité, j’ai des pénalités et il y a le réseau de chaleur urbain avec un engagement sur 25 ans ». C’est 2.5 à 3 millions d’euros, 3 points d’imposition supplémentaires ! » Le Syndicat Mixte de l’Arrondissement d’Avesnes « ne peut pas être sur une gouvernance bancale », insiste Arnaud Decagny, Président du Syndicat Mixte d'Incinération de l'Arrondissement d'Avesnes, créé par Jean-Claude Decagny, son père.

 

« Si on n’est pas prêt au 1er janvier 2023 (date de la mise en application de l’extension des consignes de tri), s’il n’y a pas d’agrément CITEO, s’il n’y a pas de marché en centre de tri, on doit enfouir à Lewarde ! Il n’y a plus d’incinération possible, s’alarme Arnaud Decagny, « c’est 2 à 3 fois plus cher pour l’Agglo ! Et pas de tri donc, pas de récupération des recettes des filières de recyclage ». « Si on n’adhère pas au SIAVED, on devient client. Client et adhérent du SIAVED, c’est pas la même chose, on passe du simple au double ».

 

« Nous, on veut créer un grand service public des déchets », Bernard Baudoux

Avec une compétence qui ne soit pas sécable, le Président de l’Agglomération souhaite créer « un grand service public » et précise « ce qui n’empêche pas un appel d’offres », des complémentarités, « notre porte n’est pas fermée ».  « On veut trouver des solutions qui feront qu’on ne sera pas obligés d’augmenter la TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères) », explique Bernard Baudoux.

 

Ecoutez l’interview de Bernard Baudoux, Président de la Communauté d’Agglomération Maubeuge Val de Sambre, réalisée ce mardi soir :

 

Transports des déchets

Jean Meurant répond à « ceux qui disent que c’est un scandale de transporter les déchets », du Val de Sambre à Douchy-Les-Mines. « Si on va à St Rémy-du-Nord, on aura le même problème que si on va à Douchy ».

« A Hautmont jusqu’en 2015, on envoyait nos déchets à St Saulve et personne n’a rien dit », remarque le Maire d’Hautmont.

 

« Il y a de la pression de toutes parts », Jean-Philippe Delbart

Pression ou crainte de ne pas obtenir la majorité des voix ? A l’issue de la réunion communautaire hier soir, Jean-Philippe Delbart, Conseiller communautaire de Ferrière-La-Grande, commente le report du vote par Bernard Baudoux : « une manifestation ouvrière qui se déroule dans le calme, est légitime. En revanche, la présence d’un Député, Benjamin St Huile, à la réunion des élus communautaires lundi pour convaincre les récalcitrants, c’est de la pression politique et ça n’est pas acceptable. Il y a des pressions de toutes parts ».

 

Delphine Hernu