Grève à l'hôpital de Maubeuge : des problèmes qui se cumulent

7 juillet 2022 à 12h19 par La rédaction

CANAL FM

« L’hôpital public est en danger » : cette phrase, entendue ce matin à la fois par la Direction du CHSA de Maubeuge et par les syndicats, inquiète. Elle résume la situation nationale, où certains services d’urgence ferment la nuit, à l’image de Bordeaux : « Nous ferons tout ici pour que ce ne soit pas le cas » rétorque la Direction de l’hôpital maubeugeois.

À cela, s’ajoute depuis quelques semaines, des tensions entre syndicats et la Direction de l’hôpital. Tous deux ont déjà répondu à nos questions sur Canal FM la semaine dernière. Ce matin, le discours était similaire : « Nous avons multiplié les CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) en 2021. Depuis début 2022, nous en sommes à une vingtaine » présente Éric Girardier, le Directeur de l’hôpital. Ce dernier évoque récemment « des problèmes de forme avec les syndicats ». 

<<< Éric Girardier, Directeur du CHSA de Maubeuge :

<<< Magloire Gnansounou, Président du CME :

UN DÉFICIT CUMULÉ DE 27 MILLIONS D’EUROS ET DES CHIFFRES D’ABSENTÉISMES IMPORTANTS

La Direction de l’hôpital a de nouveau présenté des chiffres sur la dette cumulée de l’hôpital : 27 millions d’euros avec un réel risque de « difficultés de trésorerie. L’ARS va nous aider. Nous devons être rigoureux ». L’État a promis une enveloppe de 20 m€ dans le cadre du Pacte Sambre-Avesnois Thiérache, « mais qui sera utilisée pour de l’investissement et étalée sur 10 ans. Sur l'exploitation, l'ARS nous aide énorménement » nous a-t-on précisé ce matin. 

Les chiffres de l’absentéisme sont eux importants : « C’est  3 points de plus que la moyenne nationale, soit 13%. Nous devons y travailler ». 

UN PERSONNEL « FATIGUÉ »

Malgré un nouvel outil inauguré en octobre 2021, le CHSA manque de bras : « Nous avons du mal à recruter : aux urgences, en gériatrie, nous avons réussi à trouver du personnel. Nous avons des difficultés dans le domaine paramédical » présente Magloire Gnansounou, Président du CME. A l’image par exemple du nombre d’infirmières qui sortent de lIFSI de Maubeuge : « Auparavant 60 infirmières sortaient de formation. Aujourd’hui, nous en sommes à 30 ».

Autres inquiétudes liées au manque de personnel, des lits qui ferment et une période estivale qui s’annonce très inquiétante : « Nous n’avons jamais connu ça. En 2019, nous avons fermé 12 lits. Pour cet été, les projections portent sur la fermeture de 32 lits ».

Chez les soignants, une lassitude criante. Une fatigue : « Je cumule les heures et je n’en vois pas le bout. Je suis censé être à 80%. Je travaille parfois 6 jours sur 7. Sur un repos on m’appelle souvent. On n’a pas l’impression que cela bouge » explique Élodie, qui travaille au Laboratoire et habite Cambrai.

Chez les infirmièr(e)s, même sentiment. Alexandre, infirmier depuis 19 ans, s’est syndiqué pour la première fois : « Depuis la fin du Covid, on n’a pas de contact avec la Direction. Et quand c’est le cas, nous obtenons du mépris. Nous avons des problèmes avec ce bâtiment. On attend un discours et une reconnaissance des erreurs (...) Je comprends le départ du personnel ! »

Des syndicats qui ont obtenu le soutien ce matin du nouveau Député, Benjamin Saint-Huile : « Le contexte national est compliqué, je l’entends. En revanche, il y a un problème localisé qui est différent. Le dialogue n’est plus au rendez-vous. Cet hôpital manque de moyens humains, plus profondément qu’ailleurs. »

Ailleurs, c’est la Belgique, très attractive pour le personnel.

<<< Alexandre, Infirmier :

<<< Amandine, Aide-Soignante :

 

<<< Élodie, Laboratoire :

 

<<< Benjamin Saint-Huile, Député de la 3ème circonscription :

DES PROBLÈMES STRUCTURELS

L’hôpital et cela s’est encore vu ce matin, souffre aussi de son parking, bien en deçà des attentes. « Nous sommes conscients des difficultés et on s’engage à aménager 100 places supplémentaires dans le périmètre actuel » évoque la Direction. En début de semaine, le préfet de la Région a été informé de la situation : la construction d’un parking silo est-elle envisagée ? « Le coût est estimé de 1 000 à 2 000 euros la place. Si l’hôpital n’est pas accompagné sur ce sujet, cela ne se fera pas ».

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